guillaume Mazille guillaume Mazille

Quand vient l’automne austral, les baleines à bosse quittent les eaux polaires pour rejoindre la chaleur de l’équateur. Après 4000 Km de navigation à travers l’océan Pacifique, leur route croise la petite île de Rurutu en Polynésie. Elles viennent ici pour trouver refuge, se reproduire et mettre bas. Durant cette période, le krill est dispersé au gré des courants, elles ne mangent pas et perdent plus d’un tiers de leur poids. Seuls les baleineaux se nourrissent. Bien qu’à jeûn pendant plusieurs mois, les femelles produisent 100 litres de lait par jour et allaitent leurs petits jusqu’au retour dans les eaux froides. 

A 21 ans, je commençais mes études en biologie marine quand je fis la connaissance de Virgule, un baleineau avec qui j’ai passé plusieurs mois. Une rencontre qui allait changé ma vie. 15 ans plus tard, j’y retourne, mais en famille cette fois, avec Muse et Marie.

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L’ILE AUX BALEINES

Ca y est. On y est enfin. Ca faisait 11 ans que j’attendais de fouler à nouveau la petite île de Rurutu qui m’avait tant offerte au début de mes études sur les baleines à bosse. Cette fois, on est en famille. Marie est heureuse. Ca faisait des années que je lui promettais de lui montrer cet endroit incroyable. Pour dire vrai, quand je la draguais, mes histoires de baleine la faisaient rêver. Merci les baleines.

L’île de Rurutu fait partie de l’archipel des australes au sud de la Polynésie. Elle est un caillou minuscule au milieu de l’océan Pacifique. D’ailleurs, lorsqu’on la regarde sur Google earth et qu’on dézoome à fond, aucune terre en vue, que du bleu.

A peine atterris, une grande silhouette s’approche et nous couvre de colliers de fleurs. C’est la tradition ici. Muse ne se laisse pas faire, il lui faut quelques minutes d’observation avant de le mettre autour de son cou. Le grand dreadeux tout blond avec le sourire: c’est Axel Lopez. Lui et sa famille vivent ici. Axel est moniteur plongée. Depuis 4 ans, il guette la migration des baleines et les suit tout les jours.

On embarque nos affaires dans son Land Rover. C’est toujours le même qu’il y a quinze ans, d’ailleurs, avec sa porte qu’on doit soulever pour qu’elle ferme. Après tant d’années et quelques points de rouille, il sillonne toujours les pistes de l’île. Direction le village d’Aveira avec un petit stop au sommet du col pour voir s’il n’y aurait pas quelques souffles à l’horizon. La vue est imprenable. Deux souffles jaillissent devant la passe, les baleines sont bien arrivées. Pendant que Muse, affamée, commence à grignoter les pousses de basilic et les fruits ornant son collier de fleur, Axel tente d’identifier les individus. En vain. La nuit tombe, mais demain s’annonce épique.  

On s’installe en bord de mer dans une maison au bout du lagon. Dès notre arrivée, les enfants du village viennent à notre rencontre. Muse est aux anges. Quelques minutes plus tard, les voisins nous offrent poissons, fruits, chapeaux tissés, fleurs en guise de bienvenue. L’accueil polynésien n’est pas un mythe, ici tout le monde est généreux, détendu, serein et bienveillant. 

Réveil aux aurores. Je monte remonte et re-démonte le caisson d’étanchéité qui nous permettra de faire des images sous l’eau. Quand, j’ai commencé la photo sous-marine, il n’y avait qu’un seul bouton accessible depuis l’extérieur, je calais mon appareil dans le caisson à l’aide de morceaux de carton et de scotch. Maintenant, ce n’est plus la même, il y a des boutons partout, il faut bien appréhender l’objet et comprendre toutes les étapes de montage et démontage qu’on refait quotidiennement plusieurs fois… Tous ces petits gestes qu’il faudra faire dans le bateau, dans une mer déchainée, à la merci du vent et des embruns et de la pluie. Mieux vaut être prêt.

On embarque sur le poti Marara - bateau traditionnel polynésien - de Téoro notre skipper. Téoro est un enfant de l’île, fils et petit fils de pêcheur, il est sur l’eau depuis qu’il est né. Dès la sortie de la passe, nous longeons les falaises de calcaire jusqu’à la pointe sud de l’île. Au bout d’un mile de navigation, Téoro passe au point mort et scrute l’horizon. L’arrêt dure 20 minutes. C’est le temps d’apnée d’une baleine adulte. Si l’on ne faisait pas cette pause, il y aurait des risques de passer à côté des animaux sans les voir. 

 

PREMIER SOUFFLE

D’après Axel, cette année, c’est plutôt calme. Il y a peu de baleines et elles ne se laissent pas approcher. Téoro pointe le sud du doigt: premier souffle. Elle vient dans notre direction, on attend. Intérieurement je boue. La simple idée de revivre cette sensation de proximité avec ces géants et de la partager avec Marie et Muse m’électrise. La baleine à bosse est, sans doute, l’animal le plus fascinant qu’il m’ait été donné de rencontrer. Ses grandes ailes, la profondeur de son regard, ses chants… Je comprends qu’elle fascine l’homme depuis la nuit des temps. 

Un deuxième souffle, tout petit. C’est un baleineau! lance Axel le sourire aux lèvres. Depuis le début de la saison, la population de baleines présentes autour de l’île était exclusivement constituée d’individus reproducteurs. Les mâles coursent les femelles, s’attaquent aux baleineaux, empêchent les mères de dormir. Bref, ce n’est pas un endroit calme pour élever son petit.  

D’ailleurs, une troisième baleine, bien plus imposante, perce la surface et talonne les deux premières. C’est un mâle, les cétologues parlent d’Escorte. On a longtemps cru que l’Escorte était une femelle apparentée à la mère. On lui prêtait un rôle de protection et de maternage. Il n’en est rien. Il s’agit en fait d’un mâle qui essaie par tous les moyens de s’accoupler. Axel fait la grimace. C’est toujours la même chanson. Le mâle va harceler la mère et son petit et va les faire fuir… lance-t-il dépité. Au bout de quelques minutes, la femelle excédée par le comportement inquisiteur du mâle, se met à sauter et frapper de la queue violemment la surface. Nous observons le phénomène depuis une distance respectable mais, même de loin, la puissance de l’animal est inouïe. 

Les 3 baleines sondent. La nageoire caudale émerge totalement, puis plonge, laissant derrière elle une empreinte à la surface de l’eau large d’une dizaine de mètres de diamètre. Axel se glisse à l’eau, je le suis. Les baleines sont à 200 m, on les rejoint calmement en veillant à ce que nos palmes ne flirtent pas avec la surface. Un bruit ou même la seule présence de bulles pourraient les apeurer. 

Nous avançons sans trop savoir où elles sont. Généralement, si elles dorment, elles restent statiques durant une vingtaine de minutes avant de remonter à la surface pour respirer. Ca y est!Une silhouette noire se dessine au dessus du corail. On palme calmement, puis une masse plus petite se détache et se dirige vers nous. C’est le baleineau. Sa capacité pulmonaire étant bien plus réduite que celle de sa mère, il doit remonter respirer toutes les 5 minutes. Sa progression est lente, il ne ne bouge pratiquement pas, peut-être dort-il. Plus loin, le mâle commence à s’agiter. La mère, pas vraiment rassurée, rejoint son petit et fonce droit sur nous. Le mâle la talonne en émettant un filet de bulles, caractéristique chez les baleines d’un comportement agressif. Le baleineau nous frôle, les yeux grands ouverts puis sa mère passe sous lui et le porte à la surface pour l’aider à prendre sa respiration. Le mâle, quant à lui, reste distant et tout trois disparaissent dans le bleu.

Selon Axel, une femelle harcelée par un mâle a tendance à se rapprocher des plongeurs. Elle vient y chercher protection, ou bien tente une diversion pour se débarrasser de son assaillant. 

Nous levons la tête hors de l’eau, les baleines sont déjà à plus de 300 m, nageant à vive allure. Le mâle continue à prouver sa virilité par une démonstration de sauts et de coups de queues. De retour sur le bateau, Axel est inquiet : si le mâle continue, le baleineau partira. 

 

RURUTU, LE PARADIS SUR TERRE

Retour au port. Au programme: poisson grillé, taro (le manioc local) et pamplemousse. Ici la communauté plante toutes sortes d’arbres fruitiers ou de légumes le long des routes et qui veut se sert. Une petite virée au lagon s’impose pour Muse. Si elle a particulièrement apprécié sa première sortie en mer, il faut la ménager: les conditions sur le bateau sont difficiles, cet après-midi c’est chateau de sable. 

Depuis deux jours, Axel et moi faisons la tournée de tous les points de vue sur l’océan en espérant apercevoir un souffle au loin. Mais ses intuitions étaient justes. Plus de baleine. 

 

L’AMOUR, LA GUERRE : LA PASSION

Petit matin. Retour sur le plan d’eau. Le plafond nuageux est bas, il n’y a pas de vent, pas de bruit. C’est depuis notre terrasse, en touillant mon café que je les ai entendus. Deux souffles puissants, pas très loin. Axel et Téoro sautent dans le bateau, on part au nord pour confirmer ou infirmer ce qui n’étaient peut-être que des hallucinations auditives. Mais à peine passés la pointe nord de l’île c’est le festival. 4 baleines s’agitent, elles sont au large. On les rejoint. Sous l’eau résonne un chant puissant. On palme jusqu’au chanteur, un mâle immense, vertical, la tête piquée vers le fond. A ces côtés, une femelle danse, nous sommes à moins de vingt mètres d’elle. Nos regards figés par la féerie du spectacle, nous oublions une règle de sécurité élémentaire qui consiste à jeter un petit coup d’oeil alentour de temps en temps, au cas où un autre animal viendrait nous rendre visite. Soudain, 2 baleines en furie nous passent de part et d’autre et foncent sur la femelle. Le mâle arrête son chant et fait front aux deux intrus. L’Amour, la Guerre : la Passion quoi. Avec nos yeux d’humains, on ne comprend pas trop ce qui se passe, mais régulièrement la femelle rabat les mâles vers nous, comme si elle les testait afin de savoir qui des trois a le plus d’audace.

Il pleut des cordes, on ne voit plus rien dehors. La houle a forci, on est maintenant à plusieurs miles au large; Rurutu est toute petite, nous sommes tous deux isolés avec 4 baleines nous tournant autour depuis plus d’une heure. Ca fait bien longtemps qu’on n’a pas vu le bateau, mais Téoro nous a à l’oeil quelques part, c’est sûr. Il n’y a plus de repères, les abysses d’un bleu noir très intense nous rappellent les 2000 m d’eau qui nous sépare du fond. Avec Axel, on a convenu de ne pas faire d’apnées trop profondes. En cas de syncope, il n’y aurait pas grand monde pour nous venir en aide. Les baleines vont maintenant au contact, se frappent, se sautent dessus, au moins deux d’entres eux saignent. Autour du ring, les rémoras - poissons pilotes qui se ventousent à la peau d’autres animaux- ont déserté leurs vaisseaux, de peur de finir écrasés entre deux baleines. L’un d’entre eux tente de s’accrocher à ma combinaison, c’est plus calme ici. Finalement, le chanteur reprend ses droits, les deux autres mâles dépités décident d’aller voir ailleurs s’ils y sont, le couple se reforme sous nos yeux puis disparait à son tour. 

 

RETOUR A LA MAISON

Cet après-midi, nous allons de l’autre côté de l’île au village de Moerai pour une petite visite chez la famille Taae. Herinui, Alphonse et leurs enfants avaient eu la gentillesse de m’accueillir chez eux 3 années durant lorsque je faisais mon master en biologie marine. A l’époque j’avais 20 ans, peu de poils mais plein de cheveux, un collier maori sous mon air ahuri. Il est temps maintenant de leur présenter Marie et Muse. A peine arrivés, c’est l’explosion de joie. Alphonse se présente à Muse comme son grand-père Fahamu. « Fahamu » ça veut dire adoptif. Dans la culture polynésienne, les parents n’élèvent pas forcement leurs enfants biologiques. Adopter un enfant d’une autre île est chose courante, elle permet d’éviter la consanguinité. Je retrouve ma chambre, vu sur l’océan à quelques dizaines de mètres de la plage. La nuit, j’entendais souffler les baleines venues se reposer dans les eaux calmes de la baie. J’attendais là les premières lueurs et partais les rejoindre depuis le bord. 

Soudain Marie lance : il y en a une! Le souffle est à à peine 50 m de la plage. Visiblement, la baleine se repose au dessus du banc de sable, un endroit magique. Des années durant, cette vision m’a hanté. La baleine en suspension, quelques mètres au dessus du sol blanc contrastant avec la couleur sombre de l’animal. 

 

RETOUR DU BALEINEAU

Téoro a revu le baleineau ce matin. On charge les appareils, on largue les amarres. Ils sont là, juste à la sortie de la passe, dans 15 m d’eau, en phase de repos. L’Île de Rurutu a la particularité de ne pas posséder de lagon. Les baleines peuvent donc venir très prêt du bord et se protéger des prédateurs du large (requins pélagiques et orques) qui ne s’approchent que très rarement des côtes. Marie se glisse à l’eau, Muse reste sur le bateau et fait des photos avec son petit coolpix. L’eau est cristalline. Sous nos palmes, les deux baleines sont statiques. Si elles tolèrent notre présence à la surface, elle n’accepte pour le moment aucune immersion profonde de notre part. Les rejoindre 15 m plus bas, c’est vraiment pénétrer dans leur intimité. Du coup, on se laisse flotter et on attend. 

Visiblement, notre interaction d’il y a 3 jours ne l’a pas laissé indifférent. Le baleineau s’approche de Marie et lui tourne autour. Il présente son ventre et se livre à toutes sortes d’acrobaties. Quand il s’approche trop de nous, sa mère remonte à la surface, et le ramène en bas. Elle aussi semble très intriguée par notre présence. Elle pourrait décider de s’éloigner d’un simple coup de nageoire, mais elle reste là avec nous. Au bout de deux heures, elle a totalement confiance, le baleineau reste avec nous en surface, elle dort à poing fermé. 

 

PLANETE CYAMIDAE

Retour sur le bateau pour changer les batteries de l’appareil. Etonnement général. Une étrange bête avec plein de pattes s’est agrippée à ma combinaison. C’est un cyamidae, enchaine Axel : incroyable. Les cyamidaes sont de petits crustacés vivant sur le dos des baleines. Leurs membres crochus leurs permettent de se fixer aux interstices de la peau et même de se déplacer sur tout l’animal. Ils vivent en symbiose avec leur hôte. La baleine est leur moyen de locomotion et leur garde-manger. En retour, les cyamidaes grignotent les peaux mortes et nettoient son hôte des plaies éventuelles.

Celui-ci a du se décrocher lorsque le baleineau a sauté, il m’a ensuite frôlé, c’est sûrement à ce moment là que le cyamidae s’est accroché à moi. Marie tente de le tirer, mais ses pattes sont plantées dans le Néoprène. 

Les baleines attirent toutes sortes d’animaux. Sur elles, vivent des rémoras, des cyamidaes, des balanes - sortes de coquillages qui s’incrustent dans la peau. Et lorsqu’elles dorment, des carangues, des sérioles et autres poissons gravitent autour d’elles pour manger les squames de peau en suspension ou les éventuels cyamidaes qui se décrocheraient. La baleine est en quelques sortes une immense planète autour de laquelle tout un petit microcosme s’agite. 

Nos sessions se multiplient. Ca fait maintenant une semaine qu’on côtoie le baleineau à raison de 5 heures par jour dans l’eau. Lorsqu’elle vient respirer, sa mère s’approche à moins d’un mètre, on doit palmer en arrière pour éviter les coups de pectorales. Le baleineau reste parfois à la surface pour s’endormir. Il a les yeux fermés, l’évent hors d’eau, il avance lentement, on ne bouge pas, de peur de le réveiller. 

 

NOS CHUTES DIVINES VERS LE CORAIL

Ca fait quelques jours que ça nous démange avec Axel. Il faut qu’on descende. Les baleines sont entre 20 et 30 m de profondeur. Axel part en premier. La chute parait interminable depuis la surface. Au bout d’une petite minute il est à la même hauteur que le baleineau, coincé sous la nageoire pectorale de sa mère. Les deux baleines l’observent. Elles ne bougent pas. C’est à mon tour de descendre. Mais avant, le petit rituel commence par une détente totale de tous les muscles. Une respiration lente et profonde. On ferme les yeux. On s’hyperventile jusqu’a ce que le léger crépitement provoqué par le surplus d’oxygène soit perceptible dans ton le corps. Puis on souffle tout, on inspire à s’en faire péter la cage thoracique et on se laisse glisser. Le vertige de l’oxygène arrive quelques secondes plus tard, quand on est à 7 ou 8 de mètres de la surface. Vers 12 mètres plus besoin de palmer, le corps tombe sous l’effet de la pression. Durant la chute, le regard est fixé sur le corail, seul réel point de repère. Et quand, en bas, on relève la tête, vision magique et pourtant si réelle : 2 baleines en suspension parfaitement immobiles, à quelques mètres. Posé sous la gorge de sa mère, le baleineau imperturbable me regarde. 

De plus près, je perçois des subtilités que je ne soupçonnais pas depuis la surface. Bien qu’endormie, la mère impulse des micro-mouvements qui lui confèrent cette immobilité apparente. Le baleineau est plus gauche. Il est encore trop petit pour maîtriser son poumon ballaste et vient se réfugier sous sa mère afin qu’elle le bloque et qu’il ne remonte pas comme un bouchon. Après ces interminables secondes, qui ont paru des heures, je remonte. Le baleineau m’accompagne.

Ca y est. Je suis accroc. A peine de retour à la surface j’ai envie d’y retourner. Je suis déjà sans m’en rendre compte en train de m’hyperventiler. Le baleineau à quelques mètres, tourne autour de Marie. Puis c’est au tour d’Axel de descendre, le baleineau le suit dans sa chute. 

 

SURMENAGE, LE RAPPEL A L’ORDRE

Apnées à répétition, plusieurs jours durant. Au bout d’une quarantaine d’apnées on se dit que c’est la dernière, mais c’est juste la dernière avant la suivante. C’est le corps épuisé qui nous rappelle à l’ordre. Vers 15 m de fond, une crampe me prend le mollet, ça fait tout drôle de remonter sur une palme. La saison de migration touche bientôt à sa fin, il faut tenir jusqu’au bout. La peau fripée par l’eau et rongée par le sel, ont laissé un staphylocoque s’installer au bout de mon pied. Je plonge maintenant avec un bandage. La nuit la douleur est si violente que j’en ai des hallucinations. Une baleine implacable ouvre et ferme compulsivement ses pectorales comme les portes de l’enfer. 8 heures durant. Même les incantations locales, le Vix et le citron coupé en deux appliquée sur la plaie (côté trognon) n’ont pas eu raison du staphylocoque.

 

LE BANC DE SABLE

Au petit matin, Alphonse nous appelle, les baleines sont devant chez lui sur le banc de sable. Branle-bas de combat. Direction Moerai.

Les baleines sont au fond. Depuis la surface, elles semblaient à 12 m de profondeur maxi. L’absence de corail et la limpidité de l’eau sont trompeuses. Elles sont bien plus loin. La lumière matinale est splendide: des puits de lumière transperçant les baleines. Sous elles, leurs ombres imprimées au sol. Cette vision qui m’a obsédé pendant ces 11 dernières années est enfin sous mes yeux.

Photos et textes: Marie, Muse et Guillaume Mazille

mazprod@yahoo.fr

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